Recherche

Actualités


Pratiques et enjeux écologiques : résultats du sondage mené auprès des librairies

19 décembre 2025
Pratiques et enjeux écologiques : résultats du sondage mené auprès des librairies

Montréal, 19 décembre 2025 – Dans le cadre de la reprise récente des travaux du Comité intersectoriel pour l’écologie du livre (CIEL), l’Association des libraires du Québec (ALQ) et les Librairies indépendantes du Québec (LIQ) publient une synthèse des résultats d’un sondage mené à l’automne 2025 auprès de leurs membres. Réalisée à partir de 22 réponses (une par établissement), l’analyse, présentée de manière agrégée, vise à dresser un portrait des pratiques et des enjeux écologiques en librairie afin de prioriser des actions concrètes au cours des prochains mois, notamment avec la chaîne du livre et, lorsque pertinent, avec les instances municipales.


Contexte

À l’automne 2025, l’ALQ et les LIQ ont sondé leurs membres afin de mieux documenter les pratiques et les enjeux écologiques vécus en librairie. L’objectif était double : d’une part, mieux cerner les irritants opérationnels les plus fréquents ; d’autre part, orienter des actions concrètes, notamment en matière de relations avec la chaîne du livre, d’outils communs et de besoins de formation.

Le sondage a été préparé par l’ALQ et validé par le sous-comité Libraire du Comité intersectoriel pour l’écologie du livre, composé de Rose Crevier-Dagenais (Librairie Mille et une feuilles), Pascale Brisson Lessard (Librairie Marie-Laura), Laurence Grenier (Librairie Poirier), Thomas Genin-Brien (ALQ) et Richard Prieur (LIQ).


Méthodologie

Le questionnaire a été diffusé via Google Forms et rempli au nom de la librairie, à raison d’une réponse par établissement. Nous avons reçu 22 réponses entre le 12 septembre et le 29 octobre 2025. Les résultats ont été analysés de manière agrégée. Lorsque les répondant·e·s y ont consenti, des commentaires ont pu être retenus sous forme anonymisée.

L’échantillon couvre 11 régions administratives (sur 17) et une diversité de tailles d’équipes, de 1 à 2 équivalents temps plein jusqu’à 21 et plus.


Faits saillants

Plusieurs constats ressortent nettement.

D’abord, les enjeux liés à la logistique et aux emballages reviennent avec insistance. Plus d’une librairie sur deux juge la proportion d’exemplaires reçus abîmés « élevée » ou « très élevée » au cours des trois derniers mois (54,5 %). La fréquence des boîtes surdimensionnées atteint le même niveau (54,5 % « souvent » ou « très souvent »). Une part non négligeable des librairies indique aussi recevoir du matériel promotionnel expédié seul dans une boîte, ce qui alourdit la manutention et augmente les déchets.

Ensuite, la question de la surabondance et de la circulation des livres demeure centrale. Une très grande majorité des répondant·e·s disent avoir déjà réduit les titres reçus à l’office, ou envisager de le faire (86,4 %). Les pratiques les plus courantes pour limiter les retours pointent vers une sélection plus serrée et un réassort plus prudent, par exemple en réapprovisionnant seulement après vente ou commande confirmée (72,7 %), en resserrant la sélection à l’office (72,7 %) et en gardant plus longtemps certains titres en table ou en rayon (68,2 %). Ces réponses confirment l’importance de soutenir le travail de mise en valeur du fonds, tout en réduisant la pression des mises en place.

Le sondage met aussi en évidence un enjeu récurrent autour du matériel promotionnel. Plusieurs librairies estiment en recevoir trop, ou parfois trop (59,1 %). L’appui à des mécanismes de choix à la demande est très clair. La quasi-totalité des répondant·e·s souhaite pouvoir recevoir des quantités « à la demande » (95,5 %). Une forte majorité appuie aussi l’idée d’une inscription volontaire pour choisir le matériel reçu (81,8 %) et souhaite pouvoir refuser un présentoir qui ne convient pas à l’espace ou aux besoins (86,4 %). Certains formats ressortent comme rarement utilisés, notamment les kakemonos, ce qui suggère un potentiel de rationalisation important.

Du côté des services de presse, les envois non sollicités apparaissent fréquents. La moitié des répondant·e·s préfère recevoir les services de presse sur demande seulement (50,0 %), et 27,3 % privilégient des envois regroupés à des moments fixes. Les librairies indiquent par ailleurs valoriser déjà une grande partie de ces exemplaires, notamment par la conservation en bibliothèque interne, mais les réponses pointent vers le besoin d’un encadrement plus prévisible des envois.

Enfin, le sondage confirme que plusieurs gestes sont déjà intégrés dans les opérations quotidiennes. Le réemploi des boîtes et du calage reçus pour les expéditions atteint 100 % des réponses. La majorité ne remet pas de sac par défaut à la clientèle (86,4 %). À l’inverse, l’accès au compost demeure limité (31,8 % « quand possible »), et les commentaires soulignent surtout des enjeux d’accès, de collecte et de services adaptés aux commerces.


Limites à garder en tête

Ces résultats offrent un portrait utile, mais ils ne prétendent pas représenter statistiquement l’ensemble des librairies membres. L’échantillon demeure restreint (22 réponses) et repose sur une participation volontaire, ce qui peut accentuer certains thèmes. Les résultats doivent donc être lus comme un signal terrain et un outil de priorisation, plus que comme une mesure exhaustive.


Recommandations et pistes d’action

Les réponses orientent des pistes concrètes, à court et à moyen terme.

D’abord, plusieurs enjeux semblent prêts à être portés dans des échanges avec la chaîne du livre, notamment la réduction des exemplaires abîmés, l’ajustement des formats d’emballages, et de meilleures pratiques de calage et de regroupement des envois. Le sondage montre une ouverture au regroupement, à condition de définir des exceptions claires pour les urgences et d’éviter des délais qui nuisent à la clientèle.

Ensuite, les résultats appuient la mise en place d’un cadre plus efficace pour le matériel promotionnel et les services de presse. Une approche fondée sur l’inscription volontaire, les quantités « à la demande », et le droit de refuser certains présentoirs apparaît réaliste et largement soutenue.

Du côté des librairies, les réponses indiquent aussi un besoin d’outils pratiques. Un court guide opérationnel pourrait outiller les équipes sur les gestes à fort impact déjà en usage (réemploi, tri), ainsi que sur la réduction des retours et la mise en valeur du fonds.

Enfin, le volet municipal mérite une attention spécifique. Les obstacles liés au compost et à certains services aux commerces ressortent clairement. Une démarche commune pour documenter les besoins et les pratiques municipales pourrait aider à cibler des solutions accessibles.


Le compte rendu de synthèse ci-dessous présente les principaux résultats du sondage (profil des répondant·e·s, faits saillants, priorités, projets pilotes et verbatims anonymisés).

Compte rendu de synthèse

Sondage : « Enjeux écologiques en librairie » (ALQ et LIQ)

Base d’analyse : 22 réponses (une réponse par établissement).
Analyse : résultats agrégés.
Citations : uniquement si consentement (20 sur 22).


1) Profil des répondant·e·s

Régions représentées

11 régions administratives (sur 17) : Bas-Saint-Laurent (4), Laurentides (3), Capitale-Nationale (3), Montréal (2), Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (2), Mauricie (2), Côte-Nord (2), Saguenay–Lac-Saint-Jean (1), Outaouais (1), Estrie (1), Abitibi-Témiscamingue (1).

Taille d’équipe (équivalents temps plein)

  • 1 à 2 : 8 (36,4 %)
  • 3 à 5 : 6 (27,3 %)
  • 6 à 10 : 4 (18,2 %)
  • 11 à 20 : 2 (9,1 %)
  • 21 et plus : 2 (9,1 %)

2) Faits saillants

Irritants logistiques (fort consensus)

  • Exemplaires abîmés reçus (« élevée » ou « très élevée », 3 derniers mois) : 54,5 % (12/22)
  • Boîtes surdimensionnées (« souvent » ou « très souvent ») : 54,5 % (12/22)
  • Envois publicitaires envoyés seuls dans une boîte (« souvent » ou « très souvent ») : 27,3 % (6/22)
  • Problèmes de disponibilité liés aux stocks réservés aux salons (au moins « parfois ») : 68,2 % (15/22)

Gestion des stocks et retours (pratiques déjà en place)

Actions les plus fréquentes pour limiter les retours :

  • Resserrement de la sélection à l’office : 72,7 % (16/22)
  • Réapprovisionnement seulement après vente ou commande confirmée : 72,7 % (16/22)
  • Garder les titres plus longtemps en table ou en rayon : 68,2 % (15/22)
  • Commandes initiales en petites quantités : 40,9 % (9/22)

Surabondance perçue

  • Marché québécois et franco-canadien : « beaucoup » 36,4 % (8/22)
  • Édition étrangère : « beaucoup » ou « très fortement » 59,1 % (13/22)

Matériel promotionnel et présentoirs

  • Matériel promotionnel « trop » ou « parfois trop » : 59,1 % (13/22)
  • Volonté de choisir via inscription volontaire (accord) : 81,8 % (18/22)
  • Volonté de pouvoir refuser un présentoir (oui, toujours ou cas précis) : 86,4 % (19/22)

Types rarement utilisés :

  • Kakemonos : 68,2 % (15/22)
  • Affiches géantes en vinyle : 54,5 % (12/22)
  • Cartes postales : 54,5 % (12/22)
  • Catalogues : 50,0 % (11/22)

Services de presse (SP)

  • SP non sollicités au moins « parfois » : 68,2 % (15/22)

Procédure souhaitée :

  • Sur demande seulement : 50,0 % (11/22)
  • Regroupés à des moments fixes : 27,3 % (6/22)
  • Autres ou précisions : 22,7 % (5/22)

Consentement préalable avant envoi papier :

  • Oui : 36,4 % (8/22)
  • Peu importe : 40,9 % (9/22)
  • Non : 22,7 % (5/22)

Valorisation des SP :

  • Conservation, bibliothèque interne : 90,9 % (20/22)
  • Dons à des organismes : 59,1 % (13/22)

Énergie, tri, emballages à la clientèle

Mesures déjà en place :

  • Éclairage à DEL : 54,5 % (12/22)
  • Éteindre les vitrines la nuit : 40,9 % (9/22)
  • Thermostats programmables : 31,8 % (7/22)
  • Diagnostic énergétique ou démarche : 13,6 % (3/22)

Réemploi des cartons et du calage reçus pour leurs expéditions :

  • « toujours » ou « souvent » : 100 % (22/22)

Emballages à la clientèle :

  • Pas de sac par défaut : 86,4 % (19/22)
  • Sacs papier : au moins 36,4 % (8/22) (plus quelques variantes « sur demande »)
  • Emballage cadeau papier : 31,8 % (7/22)
  • Sacs réutilisables : 27,3 % (6/22)

Tri et récupération :

  • Bac municipal (selon consignes) : 100 % (22/22)
  • Dépôt piles, ampoules, cartouches, petits appareils : 90,9 % (20/22)
  • Compost (quand possible) : 31,8 % (7/22)

3) Priorités exprimées (jusqu’à 5 choix)

Top priorités :

  • Stocks et réduction des retours : 90,9 % (20/22)
  • Emballages et réduction des abîmés : 77,3 % (17/22)
  • Mises en place plus longues : 50,0 % (11/22)
  • Matériel promotionnel mieux adapté : 45,5 % (10/22)
  • Procédure services de presse : 31,8 % (7/22)

Lecture par taille d’équipe (indicatif, échantillon petit) : la priorité « stocks et retours » reste très élevée dans tous les groupes (83 % à 100 %). Les plus grandes équipes (21 et plus) cochent davantage « matériel promotionnel » et « procédure SP », mais l’effectif est très faible (n = 2).


4) Volonté de participer à des projets pilotes (12 prochains mois)

Ne souhaitent pas participer pour le moment : 54,5 % (12/22)

Parmi les volets proposés (sélections multiples) :

  • Plateforme d’inscription volontaire (matériel promotionnel et SP) : 36,4 % (8/22)
  • Entente-cadre avec fournisseur pour emballages plus écologiques : 18,2 % (4/22)
  • Chantier avec distributeurs et transporteurs (abîmés, calage, regroupement) : 18,2 % (4/22)
  • Optimisation énergie et aménagement (diagnostic léger, priorités d’investissement) : 9,1 % (2/22)
  • Mutualisation des retours entre librairies : 4,5 % (1/22)

5) Verbatims (anonymisés, consentement respecté)

  • « Le papier bourrage trop solide ne peut être réutilisé, il abîme les livres. »
  • « Le manque de temps ou les automatismes. »
  • « Nous aimerions pouvoir faire plus mais, dans la réalité, nous faire rouler la librairie au jour le jour nous prend beaucoup de notre temps. »
  • « En tant que locataire nous apportons des modifications, mais c’est difficile sachant que nous pourrions changer de local éventuellement. »

6) Prochaines étapes

À la lumière de ces résultats, l’ALQ et les LIQ vont prioriser des actions qui répondent aux irritants les plus fréquemment cités, en commençant par les enjeux liés aux emballages (boîtes surdimensionnées, calage, exemplaires abîmés) et à la gestion du matériel promotionnel et des services de presse (inscription volontaire, quantités à la demande, encadrement des envois). Les pistes de travail seront discutées au sein du Comité intersectoriel pour l’écologie du livre, puis présentées aux partenaires concernés afin d’identifier des solutions concrètes et mesurables. Les résultats étant rendus publics, ils constituent un point de départ pour alimenter les échanges avec la chaîne du livre et, lorsque pertinent, avec les instances municipales sur les services de récupération et de compostage accessibles aux commerces.


Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Thomas Genin-Brien, Coordonnateur des services aux membres, info@alq.qc.ca


  Retour

Infolettre
Abonnez-vous!

Soyez informé·e·s des divers projets de l'ALQ et des actualités entourant les libraires indépendantes en vous abonnant à notre infolettre mensuelle.

Les champs indiqués par un (*) sont obligatoires